MANDELA
Mandela? Silence, vous autres!
Mandela n'était ni un dieu ni un prophète. En revanche, cet homme a su réaliser sa condition humaine et actualiser la part divine semmeillant en tout humain. Ce culte traditionnellement réservé aux divinités qui lui est témoigné traduit tout le manque de sérieux, de grandeur, de profondeur, de vertu pour ainsi dire d'humanité des dirigeants actuels. La grandeur de Mandela résulte du fait qu'il a su être humain. Humain, il à vécu, << trop humain>> même. Le génie <<Mandelaéen>> est son amour pour son peuple, son refus sans faille des injustices, des discriminations, des exclusions. Mandela, un homme d'exception! Mandela, inextinguible flamme. Mandela, autrement dit la vertu et le courage personnifiés. Cette célébration faite à son honneur, en son nom traduit toute la bassesse des dirigeants du monde. Mandela a su échapper aux singeries politico- politiciennes. Son image est belle, mais cette beauté à nulle autre pareille exhume toute la laideur de ces bas hommes politiques des temps modernes. Si le monde veut magnifier son amour, sa reconnaissance, son respect à Mandela, alors les dirigeants- décideurs de ce simulacre de monde doivent divorcer d'avec l'hypocrisie et, partant, épouser le Modèle- Mandela. Prononcer le nom <<Mandela>>, c'est psalmodier le divin. Le temps, l'oubli et la mort sauront qu'il y a des hommes qui leur échappent, et Mandela est de ceux- là.
Sa pureté, sa vertu, son courage, son sens élevé de l'Humain sont parvenus à un état tel qu'il devait s'éloigner. Il s'est écarté de la terre, là où ça pue encore. Je pense que les dieux ont le droit d'être jaloux de Mandela. Humain, Mandela a reçu les honneurs d'un dieu! Quel humain parmi ceux qui vivent encore peut marcher sur le chemin de cet être d'exception?
Le blog de Hamidou DIOP
Art, Culture, Société, Science, Philosophie
jeudi 24 juillet 2014
dimanche 28 juillet 2013
DE LA DÉGRADATION DES MŒURS EN MILIEU SCOLAIRE
DE LA DÉGRADATION DES MŒURS EN MILIEU SCOLAIRE
Il
s’agit de voir le sens du thème, de préciser
le problème que pose le thème, d’indiquer les intérêts que soulève le
thème, de dire les enjeux du problème.
Ainsi,
nous nous posons la question : qu’est-ce que nous entendons par
« Dégradation des mœurs en milieu scolaire » ? Jouons avec les
mots pour y voir plus clair.
-
D’abord,
qu’est-ce que la dégradation ?
En
physique, nous avons le principe de la dégradation de l’énergie. Ce principe
est tiré du théorème de Cournot établi en 1824 et généralisé en 1850 par
Clausius. C’est ce qu’on appelle le
second principe de la thermodynamique. Que dit ce principe ?
Une
machine thermique ne peut fonction sans déplacement d’une source chaude à une source froide ; la chaleur
ne peut donc être transformée en travail sans chute de température, ce
qui a pour conséquence qu’une partie de la chaleur dissipée par un travail
mécanique ou un échange d’énergie ne peut être récupérée sous forme de travail.
Ainsi, dans un système thermique isolé, et là surgit notre notion, se produit
une dégradation irréversible de l’énergie, tout en restant, à travers ses
transformations, constante en quantité (conservation de l’énergie), tend à déchoir
de ses formes supérieures à des formes non utilisables, du moins en totalité
(ie chaleur).
Dés
lors, par dégradation, nous pouvons
entendre détérioration graduelle. La dégradation est un processus
naturel ou provoqué tendant vers l’état d’avilissement ou de déchéance. C’est
le fait de s’abaisser moralement, de dégrader. Dégrader, c’est perdre en
dignité, en valeur, en grandeur. C’est une perte ontologique. Voilà ce qui nous rappelle la dégénérescence.
Dégénérer,
pour une réalité ou pour un être, c’est se dépraver, perdre sa qualité. C’est
une altération amenant une réalité à une forme inférieure. C’est retourner à un état antérieur dont le
dépassement résulte de l’évolution. Ainsi, dégradation,
dégénérescence figurent la dégringolade, la décadence, toute chose qui rappelle
une chute comme en physique sauf qu’ici, il s’agit d’une chute ontologique,
d’une chute métaphysique : c’est l’être qui est victime d’un préjudice,
d’une dévalorisation, d’une dévaluation ontologique. Apparait en filigrane
l’idée d’une mort.
Ainsi,
la dégradation figure un processus tuant à petit feu une réalité. Qu’est-ce qui est promis à
une mort ici ? Qu’est-ce qui dégénère ? Qu’est-ce qui se
dégrade ? Il s’agit, voyez-vous, des mœurs. A ce niveau arrêtons-nous un peu sur la
notion de mœurs. Qu’est-ce que nous
pouvons entendre par mœurs ?
Le
mot part du latin mores qui veut dire « genre de vie », usages,
coutumes. En sociologie, elles désignent : « un ensemble
observable des usages pratiques et coutumes communs dans un type social
donné ». Avec Montesquieu, nous comprenons que les mœurs se distinguent
des lois civiles. En effet, l’auteur de De l’esprit des lois écrit :
« Il y a cette différence entre les lois et les mœurs que les lois règlent
plus l’action des citoyens et les mœurs les actions des hommes. » Lévy
Bruhl dit que la science des mœurs qu’il nomme « sociologie morale »
devrait se substituer aux morales théoriques impossibles et inutiles. Du coup,
la lecture moralisante des mœurs consiste à les considérer comme des
lunettes-valeurs appartenant à un type social bien précis de juger du point de
vue moral (approbation – désapprobation) les conduites selon des normes admises
de façon plus ou moins explicite. Dans cette lecture moralisante, les mœurs renvoient au comportement qui pose la
problématique de la moralité sexuelle.
L’activité sinon la vie sexuelle des individus qui évoluent ensemble, ie
qui appartiennent à la même sphère sociale, reste soumise
- cette vie sexuelle- à un jugement moral dont le critérium est sans
conteste les représentations
socio-culturelles.
Ces
représentations socio-culturelles participent du processus de socialisation,
d’acculturation des différents individus. Excusez-moi de cette fâcheuse
répétition : de toute façon les individus sont toujours différents. Le
principe leibnizien des indiscernables nous enseigne qu’il n’existe pas deux
être identiques dans la nature.
Reprenons
notre propos sur la moralité qui n’est
rien d’autre que la conformité de l’action individuelle aux valeurs ou représentations
prévalant dans le groupe social. Tout le monde comprend que c’est la société
qui prend en charge l’insertion de l’individu dans le moule social. Pour ce
faire, elle l’inscrit sur une trajectoire socialisante. C’est dans ce contexte
bien précis que l’école est reçue comme instrument de la société dans la
réalisation de son objectif consistant à
amener les individus à faire épouser les valeurs, les aspirations, les
références, les représentations socio-culturelles.
Voilà
ce qui nous amène à considérer la troisième notion du thème : le milieu
scolaire. Il s’agit, voyez-vous, de
l’école.
Du
grec scholè et du latin schola, école veut dire loisir. Elle figure l’occupation d’un
homme de loisir. Dans l’antiquité gréco-latine, l’école représente un groupe de
philosophes professant une thèse commune sous la direction d’un Magister. Nous avons comme
exemple : l’école et l’Académie de Platon, l’école et le Lycée
d’Aristote. L’Ecole qui s’écrit avec un
« E » majuscule désigne la philosophie du Moyen –Age enseignée dans
les écoles et les universités.
L’approche
pédagogique moderne nous parle du concept de « nouvelle école »
véhiculant une éducation centrée, par une sorte de révolution copernicienne,
sur l’enfant, sur ses intérêts et ses aptitudes à la création. Cette approche
s’oppose à l’école traditionnelle qui considère le maître comme le modèle que
l’enfant doit chercher à égaler. Ainsi, si vous me suivez bien, vous notez avec
moi que l’école est une institution qui renvoie à trois réalités : la
société, l’enseignant et l’apprenant.
Dés
lors, si nous parlons de la dégradation des mœurs en milieu scolaire, nous
posons que la société, l’enseignant et l’apprenant sont les acteurs –
voyez-vous - de cette dégradation de la moralité dans cette institution qui se
nomme école. Mais qu’est-ce que l’on
gagne à parler de la dégradation des mœurs, de la perte des valeurs en milieu
scolaire ? Nous cherchons à inviter les uns et les autres à une à
autocritique, à une introspection, à un examen de soi par soi. La dégradation des mœurs est un
phénomène qui interpelle tout le monde. Par conséquent, en parler, c’est
chercher à jouer sa partition en tant que nous sommes êtres sociaux, qui avons
réussi le processus de socialisation et qui devons effectivement et
rigoureusement participer au vernissage de ces jeunes à qui on dédie l’avenir
de nos cités.
Chacun
de nous doit absolument répondre de ses actes.
Dans ce contexte où nous parlons de dégradation des mœurs, nous allons
penser avec vous (permettez moi de rire puis que toute pensée est subjective) la part de
responsabilité de la société, la part de responsabilité de l’enseignant et
ainsi en déduire celle de l’enfant.
La
charpente de la lecture est ainsi établie :
1- De l’étiologie de la dégradation des
mœurs ?
2- Quelles sont les conséquences de
ce phénomène ?
3- Peut-on penser des solutions pour
une réévaluation, une régénération du tissu éthico-scolaire?
C’est
sur ces questions que je vais bâtir ma communication.
II-/ DE
L’ETIOLOGIE DE LA DEGRADATION DES MŒURS EN MILIEU SCOLAIRE
Il
s’agit d’exhumer ici les raisons
expliquant ce phénomène qui nous réunit aujourd’hui.
Considérant
l’acuité de la crise de l’adolescence féminine aux Etats-Unis et les profondes perturbations
qu’elle provoque, Margaret Mead aborde la société samoa (pays de
Polynésie, appartenant à l’archipel des Samoa, dans l’océan Pacifique) avec la
question : En est-il de même partout ? Ses investigations lui
permettent de répondre par la négative. La puberté chez les jeunes samoans est
un phénomène purement biologique et ne provoque aucun problème d’ordre
psychologique. Elle ne provoque non plus aucun signe ni aucun risque de
désadaptation sociale. Conçue comme un monde harmonieux, la société samoa
permet aux enfants et aux adolescents de s’adapter progressivement au milieu
social par une éducation souple et ouverte. Un climat de liberté sexuelle
prépare la jeune fille à la vie adulte du mariage.
Dans ses travaux en Nouvelle Guinée,
Margaret Mead a entrepris de préciser la part du biologique et celle du
conditionnement social dans les rôles respectifs tenus par l’homme. Elle
constate que chez les Apresch que les comportements masculin et féminin se
confondent et sont plutôt du genre « doux ». Il n’existe pas de
compétition entre les deux sexes, qui se partagent, sans distinction, les
principales tâches sociales. Ce tempérament est cultivé chez les enfants par
une éducation pleine de tendresse et d’affection. En revanche, les Mundugor ont
un caractère violent. Les enfants sont élevés durement et souvent maltraités
afin qu’ils apprennent à se défendre. Toutefois il n’existe aucune
différenciation considérable entre la psychologie de l’homme et celle de la
femme.
Chez les Chabuli, il existe bien une
différence entre les rôles masculin et féminin. Mais, cette différence se
distingue de celle que l’on retrouve dans la civilisation occidentale entre la
femme et l’homme.
Le tempérament des hommes Chambuli
est doux et artistique, tandis que les femmes ont la responsabilité de la vie
sociale, l’initiative dans le domaine sexuel et constituent un groupe homogène
face aux hommes.
Que nous vaut ce détour ? Il s’agit de comprendre ici que rien donc de
ce qui nous semble naturel dans les traits de caractères des deux sexes ne
l’est en fait, mais est la résultante du conditionnement social. Il n’y a pas
de différence de nature mais seulement de culture. Dénonçant l’ethnocentrisme,
Mead tire de ses enquêtes la leçon du relativisme ethnologique. En mettant en
évidence la prépondérance du culturel, elle montre par là même la possibilité
de le changer et donc de l’améliorer. Dés lors, vous pouvez comprendre avec moi
que la dégradation des mœurs est un phénomène lié fondamentalement à la
question socio-culturelle. Donc, les individus qui fréquentent l’école sont des
produits de la société. C’est ainsi que Guy Rocher écrit dans le tome 1 d’Introduction à la sociologie générale :
« La culture et la société se trouvent dans chaque personne et chaque
personne est intégrée à l’organisation sociale. »
Qu’est-ce que tout ceci veut dire.
Nous voulons justement vous faire noter que la dégradation des mœurs en milieu
scolaire est l’une des conséquences de
la crise des valeurs en société.
En effet, les principes moraux,
religieux, éthiques sont bafoués. Les références se déchirent. La société est
frappée par la corruption, la concussion, la prostitution, la drogue et tout ce
qui tombe sous leur compréhension. Elle n’a plus de repère. Le tissu social est
déchiré par une autorité politique froide et menteuse, par des chefs religieux
dont le faire retrouve le parfum de la prostitution politico-économique. Des
chefs de familles qui mentent devant ceux qu’ils doivent éduquer, qui vendent
de la drogue, qui se font avoir et mal traités devant leur famille confisquent
à leurs enfants toute possibilité d’avoir un « soin » - pour parler
comme Kant qui sied à la condition humaine. Une mère jouit dans les insultes,
un père qui s’impose par arrogance sont des anti-modèles pour la société et pour
leur progéniture. A cause de la pauvreté, les référentiels - soutouro, ngor, kersa, fayda, fouleu, jom,
mandu sont pratiquement jetés dans les poubelles de l’histoire.
Regardons nos chefs religieux, coutumiers, regardons
ceux qui se disent gardiens des traditions, regardons les hommes politiques,
regardons les acteurs sociaux, regardons chez enseignants, regardons ce qui se
passe dans les services, dans l’administration, dans les foyers, regardons ce
qui se passe dans les hôpitaux, dans les
casernes, regardons ce qui se passe dans le milieu artistique, partout où vous
regardez, ca pue ! Et ce parfum nous remplit les poumons et la tête à
chaque fois que nous entrons à l’école. Puis que l’école est une institution
sociale tout ce qui s’y trouve n’est que le prolongement des dérèglements fous
qui sont notés dans la société. En d’autres termes, la chute vertigineuse des
valeurs, de la moralité en milieu scolaire n’est rien d’autre que l’expression
pure de l’échec de la société à honorer sa mission civilisatrice, de
purification, d’acculturation, d’éducation, d’instruction. Emmanuel Kant
soutient : « Chaque génération
éduque l’autre génération. ». Voilà messiers et mesdames toute la
question : Qu’est-ce qu’éduquer ?
Ecoutons ainsi la phrase inaugurale du Traité pédagogique de
Kant : « L’homme est la seule
créature qui soit susceptible d’éducation. Par éducation l’on entend les soins
(le traitement, l’entretien) que réclame son enfance, la discipline qui le fait
homme, enfin l’instruction avec la culture. Sous ce triple rapport, il est
enfant, — élève — et écolier. »
Le
plus dramatique est que l’école aujourd’hui est remplie non d’enseignants mais
de pseudo-enseignant qui ne comprennent rien en la matière et croyant
qu’éduquer et instruire c’est venir devant des néophytes et cracher certains
mots savants. Kant dit pour éduquer, il faut être bien éduqué. Paraphrasant
Jouvet pour qui « Il ne faut point accorder la science à ceux qui n’ont
point de vertu. », nous disons que l’éducation ne doit point être confiée
à ceux qui n’ont point de vertu.
Qu’est-ce
que cela veut dire ? Braquons notre caméra sur l’école. Laxisme,
arrogance, insolence, indiscipline, impolitesse, ignorance, irresponsabilité,
inconstance, constipation : voilà autant de mots qui font les maux de
l’école. Regardez ce professeur qui, en 2007, avait engourdi, je blague,
engrossé 7 filles. Regardez cet enseignant qui, s’habillant comme
« fou-malade », cherche à professer. Regardez cet enseignant qui en
vient aux mains avec un élève parce que voulant avoir de l’autorité sur lui devant une jeune femme après qui il
court. Réécoutez cet enseignant qui se
cache derrière les langues locales et négligent la langue de Molière. Les
espaces ruraux offrent le plus bel exemple.
J’accuse
ainsi l’enseignant qui, par ignorance ou par imbécilité, n’honore pas le
contrat qui le lie à la société, à l’Etat, à la condition humaine. Il faut plus
de responsabilité, de déontologie, de respect, de sérieux, d’abnégation.
Croyez-vous que seuls les apprenants sont responsables de la dégradation des
mœurs ? Pensez-vous que l’enseignant est sacro-saint ? Comment un
professeur limité et qui s’offre tel à ses élèves ose exiger un quantum de
respect ?
Ces
considérations amènent à voir que dans le milieu scolaire les enseignants et
l’administration entretiennent fâcheusement toutes les bassesses, les
bêtises : c’est un état candide affichant toute la désolation confisquant
même toute possibilité de rendre à la condition humaine sa dignité. Pour tout
adulte, éduquer est un devoir au sens kantien du terme. Pourquoi ?
Réécoutons la définition qu’Alain donne
à l’enfant : « J'appelle
enfant l'être humain en pleine croissance, avant la formation, avant les
passions (altruisme) qui s'y rattachent, avant qu'il ait le souci de gagner sa
vie, ou ce qui est la même chose, avant qu'il puisse s'instruire par directe
expérience, donc nourri, gouverné, et protégé par la famille. Nous voyons
depuis plus de 10 ans que des enseignants font non le cours mais la cour. Des
professeurs font chanter des apprenantes parce que ces dernières refusent de
les retrouver dans leurs immondices. Le docteur Momar Ndoye, psychothérapeute à
l’hôpital Fann dit que cette situation s’explique par un manque de
professionnalisme.
Mais,
l’école n’est pas faite d’enseignants. Enseignant n’est enseignant qu’à côté
des apprenants ; d’où la question : en quoi consiste la
responsabilité des élèves dans la dégradation des valeurs ?
Certes, ils sont des victimes
d’un système corrompu, fou fonctionnant laborieusement. Mais, ils étalent toute
une constipation qui les indispose à épouser cette note de Kant « Ainsi, par exemple, on
envoie d’abord les enfants à l’école, non pour qu’ils y apprennent quelque chose,
mais pour qu’ils s’y accoutument à rester tranquillement assis et à observer
ponctuellement ce qu’on leur ordonne, afin que dans la salle ils sachent tirer
à l’instant bon parti de toutes les idées qui leur viendront. »
Ils
considèrent que les enseignants comme une menace pour eux. Ils manquent de
respect, de considération, de décence, de retenue. La plus part d’entre eux ne
croient plus aux études et ont perdu toute culture des livres. C’est cette
catégorie qui sape l’autorité scolaire. Ils n’ont rien compris et croient avoir
tout compris. Ils veulent savoir et ne veulent pas rester disciples. Ils
affichent arrogance, indiscipline, insolence et une candeur qui donne la nausée.
Ils font des insultes une monnaie d’échange.
Qu’est-ce qui se passe dans leur tête ?
Ces
enfants sont des victimes. En effet, ils sont agressés par la télévision, le
cinéma, la paralittérature, l’internet. Ce qu’ils subissent dans leurs
familles, ce qu’ils reçoivent dans la société participent de ce qui forge leur
être. Ils s’inscrivent dans l’idéologie globalisante qui réduit la condition
humaine au modèle américain. Voilà ce qui explique le déracinement.
Croyant
que le paradigme négro-africain est caduc, ils aspirent à d’autres types
référentiels de coloration occidentale. La notion de déracinement en arrive à
poser de nouvelles catégories. Les apprenants, parce que connectés au reste du monde via internet, créent de nouveaux repères, de nouveaux cadres,
de nouvelles représentations. Celles-ci s’entendent comme des anti-valeurs.
C’est l’adulte qui figure le « vieillard bachelardien » qui les
considère comme telles. Ce sont des non-valeurs qui se veulent des valeurs.
Elles dépassent les traditionnelles valeurs par de nouvelles qui les inscrivent
et les maintiennent en connexion avec le reste du monde. Les acteurs de
l’éducation, les parents, la société restent responsables de la perte des
valeurs en milieu social et, partant, scolaire. D’aucuns considèrent que les milieux
urbains souffrent plus de la dégénérescence des mœurs, des valeurs. Cette
vision n’est pas aussi pertinente que cela. En effet, la famille peut
appartenir au rural tout comme à l’urbain. La différence apparait sous cette
note de Rocher : « La famille de milieu rural offre en général à
l’enfant moins de possibilité de développement mental que la famille de milieu
urbain. » Tout cela participe de ce qui va forger l’être de l’enfant.
C’est d’ailleurs pour cette raison Kant soutient que l’éducation doit commencer
de bonne heure.
Ainsi, l’étiologie de la dégradation des
mœurs se réduit en un triangle : Société – Enseignant- Apprenant. En
d’autres termes, c’est le système social qui est en dérèglement et qui a
causé et qui cause encore, si vous
voulez, cette décadence, cette perte des valeurs.
II-/ QUELLES SONT LES
CONSEQUENCES ?
Rappelons
juste un détail que tout le monde sait ou doit savoir : l’école est le
prolongement de la socialisation. Elle
est instituée pour installer des fondamentaux : inculquer les valeurs, les
références, les aspirations, les normes, les interdits, les idéaux.
Dés
lors, la dégradation des mœurs constitue un frein à ce projet de socialisation.
Du coup, les conséquences peuvent s’établir ainsi :
-
Etat conflictuel :
entre enseignant et apprenant, apprenant et administration scolaire
-
Crise scolaire
-
Conflit psychologique
-
Confusion des rôles
-
Transformation /
changement / modification sociaux
-
Crise identitaire
-
Recherche d’autorité et
de repère
-
Déracinement
-
Crise de personnalité
-
Perte de soi
-
Echec scolaire
-
Déviance
-
Marginalité
-
Transgression
Au
regard de ces conséquences désastreuses, il faut essayer d’élaborer des
solutions pour une remontée, ie une régénération.
III/ PEUT-ON PENSER DE SOLUTIONS?
Il faut repréciser les 6 fonctions canoniques de l’école :
·
La fonction d’éducation et de formation
·
La fonction de socialisation
·
La fonction d’inculcation idéologique
·
La fonction de reproduction
·
La fonction de sélection
·
Fonction de promotion collective et de développement
Ce
sont ces fonctions qui vont permettre à
la société de bien instrumentaliser l’école et prolonger en elle son travail
d’éducation et d’acculturation, de socialisation.
-
Il
faut accorder du crédit à la note du docteur Ndoye et faire preuve de professionnalisme, de
sérieux, de déontologie.
-
Il
faut mettre les enseignants au parfum des nouvelles théories pédagogiques.
-
Il
faut que la société et l’Etat contrôlent l’action de ses acteurs.
-
Il
faut que l’impunité cesse à tous les niveaux de la société et de l’Etat.
-
Les
enseignants ont des défis énormes à relever : il faut d’abord qu’ils
soient convaincus de ce qu’ils font.
-
Qu’ils
cessent d’entrer dans le métier par effraction.
-
Qu’ils
comprennent que lorsqu'ils ratent leur mission, c’est toute l’humanité qui en
souffre.
-
Que
les enseignants prennent conscience que nous sommes dans le paradigme
mondialisant et qu’ici seules les compétences sont à faire valoir. Et l’école
assure – c’est sa mission même – ces compétences aux jeunes citoyens.
-
Il
faut faire de la réussite scolaire un crédo
-
Que
l’on cesse d’avoir cette fâcheuse idée de se dire : " on est en milieu rural".
-
Nous
devons être des citoyens du Monde et vivre en tant qu’agent kantien.
Ainsi, j’invite mes collèges et tous les acteurs
sociaux à relire cette remarque du moraliste allemand : «De
tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors
du monde, il
n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est
seulement une
BONNE VOLONTÉ. »
Ma réflexion est
juste une lecture-invitation consistant à dire que notre société souffre de
références et de repères, de principes et de valeurs. Notre école cherche à
former, à forger un citoyen qui est imbu des toutes les valeurs de l’homo
sénégalensis (jom, téranga, kersa, fouleu, liguey, ngor, etc), de toutes les
aspirations sénégalaises mais qui s’ouvre (ce type de sénégalais) au monde et se réalise en tant
qu’humain à part entière. Les valeurs nous décrochent de notre condition naturelle et nous
élèvent à la dimension du Bien qui est la plus profonde des valeurs. Faire le
bien, c’est déjà cheminer vers Dieu en qui nous retrouvons la promesse du
bonheur. La moralité dans la philosophie portique réside en l’action adéquate
qui assure la quiétude s’ouvrant sur la béatitude.
jeudi 5 avril 2012
DU culturel
A Macky Sall et Abdoul Mbaye qui
ne savent pas « ce que culture veut dire »
Parler de la culture, c’est rendre compte de l’œuvre et de l’ingéniosité humaines.
L’idée de culture verse vers une
certaine notion de travail : cultiver,
c’est travailler. La culture renvoie à l’œuvre humaine en tant que celle-ci se
veut dépassement et négation
de la naturalité de l’homme. La culture est un processus d’acquisition
de nouvelles dispositions et aptitudes consolidant les conditions d’existence
de l’homme. Cultiver la terre ou cultiver l’esprit, le concept reste le même :
enrichir l’élément sur lequel porte cette opération. Cultiver, c’est mettre en
valeur.
Ainsi, par le travail, l’homme
aspire à transformer sa nature propre et celle qui l’environne. Le travail, aux yeux de Hegel, est négation et dépassement : la nudité naturelle est niée ou dépassée par le
vêtement, le cri ou gémissement naturels par la parole ou langage articulé. La problématique
est de percevoir que l’homme, et l’homme seul, est capable de nier ou de
dépasser la nature parce que disposé à se mettre face à elle : l’animal fait corps avec la nature ou se
prolonge en elle.
La culture figure le travail prenant forme dans le projet d’humaniser le « zoon
logikon » ainsi que la nature. Elle renvoie à cette activité transformatrice du « déjà
là » et productrice d’infrastructures
(ponts, routes, hôpitaux, établissements scolaires, terrains des sports, marchés
pour ne citer que ceux-là. Dès lors, nous pouvons comprendre que l’existence
humaine est ponctuée d’artifices : rien
de ce que fait l’homme, rien de ce qui fait l’homme n’est naturel. La réalité humaine est
foncièrement culturelle. Dire l’homme, c’est déjà parler du culturel. Il est un
animal, et, partant un être de la nature ; mais il est un animal
particulier, car refusant sa condition naturelle ; d’où l’écho qui nous
vient de Georges Bataille : « Je
pose en principe un fait peu contestable : que l’homme est l’animal qui n’accepter
pas le donné naturel, qui le nie. »
La culture est tout ce qui porte
l’empreinte humaine. Elle figure la notion de travail ainsi que tout ce que
celle-ci engage : production de biens, de matériels, d’objet, d’outils
(langage, science, religion, etc.) La culture est aussi le mode d’être d’un
peuple, d’une société : ses aspirations, ses valeurs, ses croyances, ses
idéaux, son passé. C’est la façon bien précise qu’un peuple ou société voit et
entreprend la vie. Jacques Maquet
remarque: « Une culture est
ensemble complexe d’objets matériels, de comportements, d’idées, acquis dans
une mesure variable par chacun des membres d’une société déterminée »
La saisie effective de l’homme,
dans son existence, montre qu’il s’est à jamais décroché de sa nature
originelle. Sous cet angle, la culture s’offre comme cet ensemble
historiquement et géographiquement défini des institutions caractéristiques d’un
type de société bien précis et qui figure « non
seulement les productions artistiques, scientifiques, religieuses et
philosophiques d’une société, mais encore ses techniques propres, ses coutumes
politiques et les mille usages qui caractérisent la vie quotidienne ».
(Margaret Mead)
La nature humaine est, dans le
même temps, soumise à ce « travail du négatif » (Hegel) dont les
couleurs sont fournies par la culture. Dans la dynamique de l’anthropologie anglo-saxonne,
la culture témoigne de cette série de représentations de comportements ou
conduite, de procédés acquis par les groupes humains en tant que société. Rappelons que la « société »
est proprement humaine et qu’il faut la distinguer des « communautés
animales » régies par le seul
déterminisme naturel. Dans la vie de l’homme,
l’acte biologique est toujours
accompagné d’une image socio-culturelle : manger est un acte biologique et
la modalité du manger porte les empreintes d’une socio-culture bien déterminée.
C’est la culture qui a appris à l’homme à habiller, tatouer, orner, maquiller
son corps : toute chose rappelant le dépassement
et la négation du naturel par le
culturel. C’est ainsi que Marcel Mauss parle des « techniques du corps » dont il dit qu’elles sont l’apanage
de l’homme.
La culture s’applique également à l’intellect. La raison est certes
naturelle (comme la langue, organe rendant possible le parler). En revanche, le
raisonnement est culturel : l’homme a appris à raisonner, à penser, à calculer.
Rousseau dira à cet effet que l’être
raisonnant est « un animal dépravé ».
La raison est en latence chez l’homme et a besoin de stimulant pour être opérationnelle.
Les astuces, qui la réveillent, relèvent
de l’éducation. L’homme est
naturellement préparé à parler, mais, c’est la société qui lui apprend une
langue plutôt qu’une autre. C’est l’opérationnalité de la raison qui
permet de retrouver une possibilité de rendre souples, malléables les plussions. Ce
travail rappelle l’invitation kantienne
à éduquer de « bonne hure » les enfants afin de les préparer à
devenir humains. L’homme n’est pas né humain. Il doit le devenir. Il s’agit d’une
humanisation ; d’où l’écho qui nous vient de Kant : « La
discipline transforme l'animalité en humanité. Par son instinct, un animal est déjà tout ce qu'il peut être,
une raison étrangère a déjà pris soin de tout pour lui. Mais l'homme doit user
de sa propre raison. Il n'a point d'instinct et doit fixer lui-même le plan de
sa conduite. »
Par
« discipline », Kant entend « éducation » qui, d’une
manière ou d’une autre,intègre l’homme dans le dispositif socio-culturel. Il s’agi
de l’acculturation qui s’entend comme le processus par lequel « l’homme »
accède au stade d’humain via la culture.
Du coup, nous soutenons : le culturel ne se réduit et ne saura se réduire
au folklorique. Le théâtre, la musique, le cinéma, la danse né définissent
pas le culturel. Certes, ils participent des formes d’expression de la culture.
Mais, ils ne tiennent pas lieu de la culture. La culture, en vérité, est
beaucoup plus sérieuse, beaucoup plus profonde,
beaucoup plus belle que ces pittoresques
représentations. La culture est l’âme même des sociétés humaines. C’est ce qui
les fait vivre. Dire la culture, c’es dire l’essence des groupes humain. La culture
est ce sans quoi l’humanité bascule inéluctablement
vers la nature qu’elle a déjà quittée. L’histoire,
les traditions, les religions, les valeurs, le permis, l’interdit, les règles
ou normes sociales, les repères axiologiques, les us, les coutumes, les
aspirations, bref l’existence même : voici le culturel. La culture, c’est
la vie même. Rien de ce que l’homme fait, rien de ce qu’est l’homme ne sort du
culturel.
La culture est le mode d’être d’un
peuple. C’est la modalité par laquelle la société conçoit la vie et établit
ses références. Il y a plusieurs
peuples, plusieurs sociétés. En d’autres termes, chacune des sociétés rencontrées
offre une culture bien précise dont l’arrière-fond reste cet « ensemble articulé de
représentations, de croyances, de valeurs qui constitue la grille de lecture à
travers » (François Chenet) laquelle elle interprète et négocie sa
propre existence. Aucune de ces cultures ou modes d’être des sociétés ne peut
ni doit revendiquer le titre de supériorité : toutes les cultures se valent. Voilà pourquoi le relativisme en
arrive à l’idée d’un pluralisme des paradigmes culturels.
Le mépris culturel, nourri le plus
souvent par l’occident et dû à un complexe de supériorité, montre une certaine
étroitesse, une certaine fermeture de l’esprit occidental sur lui-même. En
effet, dans ses réflexions sur la « nature humaine », Edgar Morin
considère qu’elle est riche dans les principes d’égalité et d’identité. En
revanche, le contenu que l’on reconnait à l’idée d’une « nature
humaine » souffre d’une rupture avec la réalité même ; d’où cette
remarque de Morin : « La
vacuité physique et biologique de son contenu était en fait remplie par les
images socio-culturelles propres à l’occident moderne. Une telle vision
réductrice ne pouvait concevoir la diversité et la différence »
Ainsi, avec le relativisme valorisant
le différencialisme et le dialogue des cultures, dans leur diversité, variété
et richesse, devient une réalité qui interpelle tout le monde. Autrement dit,
le relativisme culturel montre qu’une culture n’en est une, véritablement, que
lorsqu’elle s’identifie à elle par rapport aux modes d’être des autres
sociétés. Une culture perd son essence si, par rejet, mépris ou exclusion, qui,
sous forme idéologique, renvoient à l’ethnocentrisme européo-centrique, s’auto-proclame
la culture de l’Humanité, la référence en terme de culture dans le monde.
L’intelligibilité des cultures, leur portée humaine, les condamne à l’ouverture
et à l’acceptation des autres en tant qu’ils sont différents. Chaque peuple,
nous apprend le relativisme culturel, a sa propre manière d’être et de se
représenter le monde (religions, langues, croyances, valeurs, aspirations,
normes, etc.). C’est, sous cet angle, qu’apparait toute le richesse culturelle
de l’Humanité. Mais, un tel constat poserait problème quant à l’unité même du
genre humain. Comment comprendre, dans le pluralisme socio-culturel, les idées
d’ « homme universel », de « citoyen du monde », de
l’ « unité de l’homme » ? Au-delà du défférentialisme
culturel, est-il possible de retrouver une essence humaine, une constante dans
cette multiplicité de cultures disponibles ? Est-il légitime de chercher,
au-delà des hommes, l’Homme ? Ces questions reprennent la fameuse
question : Existe-il une nature humaine ?
Avec les résultats des enquêtes
ethnologiques et anthropologiques, il est légitime de soutenir : l’homme
est un être de culture. C’est sa nature qui le porte à nier le « déjà-là ».
Il refuse sa naturalité et celle des choses. L’homme est ainsi négation de
l’animalité. Il tend à une valeur sinon à une mise en valeur du naturel par le biais d’une activité,
négatrice, productrice et transformatrice appelée du nom de travail
qui, somme toute, renvoie à la « culture ». Contrairement à l’animal,
l’homme est un être qui cherche toujours à se dépasser pour une meilleure prise
en charge de soi. A interroger toutes les cultures, dans leur diversité, leur
variété et richesse, on retrouve l’idée de refus du simple naturel (Bataille). Elles font toutes la remarque selon
laquelle la nature souffrirait d’un certain manque dont l’artéfact, l’autre nom
pour dire le culturel, serait le palliatif.
Rien
d’extraordinaire, seulement des généralités sur la notion de culture.
Un peu de sérieux quand on parle du
culturel !
Du philosopher ?
Du philosopher ?
Bergson : « Il faut un supplément d’âme à
l’utilité. »
Lao Tseu : « Connaitre les autres est
connaissance ; se connaître soi-même est connaissance supérieurs. Dominer les
autres est puissance ; se dominer soi-même est puissance supérieure.»
Le
destin de la philosophie est à jamais lié à la marche du monde et à l’existence
humaine. De Qu’est-ce que la philosophie ? à A quoi sert la
philosophie ?, les enjeux
sont énormes, les finalités lourdes et les perspectives très riches. Que gagne
l’homme en philosophant ? Qu’est-ce que la philosophie promet à
l’homme ? Quelle est la vie de
l’homme sans la philosophie ? Descartes dit « C’est vivre, les yeux fermés sans jamais tâcher de les ouvrir
que de vivre sans philosopher. » L’homme a élaboré le mythe, la
religion, la magie, l’art, la science, la philosophie toujours pour améliorer
ses conditions d’existence. Ces considérations posent l’ultime question de
l’utilité, sinon de l’actualité, de la philosophie. Face à l’ascension
fulgurante des techno-sciences, la philosophie a-t-elle encore un mot à
dire ? Qu’est-ce que philosopher aujourd’hui ?
Depuis
Platon, pour ne pas dire depuis Socrate, la fréquentation de la philosophie
permet à l’homme de distinguer le vrai du faux, l’être du paraitre. Autrement
dit, la philosophie libère l’homme de l’ignorance. Dans le Lâchés, Platon dit : « Ne
désespérez pas, car chacun a les moyens de se sauver de l’ignorance coupable
pourvu qu’il veuille regarder au-dedans de lui-même. » C’est là, une
invite à fréquenter la philosophie qui promet en dernier lieu la science
supérieure, ie la sagesse, à l’homme. L’homme doit, en tant qu’il vit, agir.
Mais, l’action de l’homme dit être présidée par un savoir avéré, par la raison. Il doit éviter de se tromper
et doit faire le bien. Pour ce faire, il lui faut une connaissance de ce que
les choses sont en elles-mêmes au-delà de leur apparence. Une telle
connaissance est garantie par la philosophie. Ainsi, l’une des fonctions de la
philosophie est de libérer l’homme de l’ignorance.
La vie a-t-elle un sens ?
Mérite-t-elle la peine d’être vécue ? Quelle est sa valeur ? Pourquoi
la vie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi le mal ? Qu’est-ce que le
bien ? Qui est Dieu ? Existe-t-il ? N’est-il pas illusion ?
Pourquoi la souffrance ? Qu’est-ce que la liberté ? Quelle est la
destinée de l’homme ? Ces interrogations posent, en filigrane, la
problématique du sens de l’existence. Face à l’absurdité, à l’angoisse, à la dureté
de la vie, à la perte des valeurs, à la recherche de soi, la philosophie offre
un discours apaisant l’âme humaine troublée par les vicissitudes de la vie. Là où
Gangrin crie : « Qui m’a joué
le tour de me jeter dans ce monde sans me demander mon consentement ? Je n’ai
pas été candidat et me voici ! », André Comte Sponville invite à la sérénité :
« La philosophie calme la
conscience malheureuse ». Elle cherche à donner sens à l’existence
humaine, à amener l’homme à comprendre sa condition pour une meilleure prise en
charge soi. . Elle explique tout ce qui
advient dans la vie. Pour les stoïciens, tout ce qui arrive, arrive justement, ie nécessairement.
Autrement dit, l’homme doit comprendre et accepter qu’il ne maîtrise pas tout
dans la vie. Il fau, dès lors, poser Dieu comme ultime cause, ultime raison
devant expliquer et sous-tendre tout ce qui existe. C’est dans sa science
supérieure qu’il organise l’existence et lui donne une certaine logique de
marche. L’homme, pour sa quiétude, doit s’accommoder à la loi divine de la
nécessité. Voilà pourquoi la philosophie assure une pensée sur l’existence de
l’homme. Elle est une pensée qui doit fonder en bien l’action humaine. Elle
sert de guide, de béquilles, de support, de lumière à l’humanité. En tant
qu’elle cherche la vérité et le pourquoi des choses,
elle est cette pensée qui explique l’existence et lui donne un certain
sens assurant ou promettant à l’homme la quiétude, porteuse de la promesse de
la béatitude. Le discours philosophique
cherche la paix. Il s’agit de la paix physique
-paix du corps – et de la paix spirituelle – paix de l’esprit-. Elle travaille
à garantir à l’homme l’apathie et l’ataraxie. C’est ainsi que la philosophie
promet à l’homme la sagesse dont il besoin pour une existence calme, sereine. Descartes
considère à cet effet : « Ce
mot de philosophie signifie l’étude de la sagesse ; et (…) par sagesse, on n’entend pas seulement
la prudence dans les affaires, mais aussi une parfaite connaissance de toutes
les choses que l’homme peut savoir tant pour la conduite de sa vie que pour la
conservation de sa santé et l’invention de tous les arts. »
Nul n’ignore l’importance des sciences et des
techniques dans la vie de l’homme. Mais, elles ne doivent pas être laissées à
elles-mêmes. Au-delà de l’avoir, il y a chez l’homme l’être.
C’est pour cette raison que l’élan embarquant les ambitions techno-scientifiques
doit être défini sur la base des dimensions morales, éthiques, esthétiques de
l’homme : il faut placer la dignité ontologique de l’homme au cœur de
l’entreprise cognitive. La philosophie n’est pas une recherche de pouvoir ou de
puissance. Elle est le feu critique
s’exerçant sur toute connaissance, toute croyance, toute pensée, tout pouvoir
pour tenter de la fonder en partant de
la seule raison. Elle s’offre comme une réflexion sur les acquis humains
pour les mettre en demeure de se justifier devant le tribunal du logos ;
et, partant, permettre à l’homme d’en jouir pleinement sans contradiction.
Réécoutons à cet effet Fougeyrollas : « Dans
son jaillissement originel, la philosophie n’est pas la recherche d’un pouvoir,
elle est, au contraire, réflexion sur tout savoir et sur toute
puissance. » En tant que « maitre » de la nature, l’homme a,
à sa disposition, la capacité de doubler le naturel par l’artéfact. En d’autres
termes, les sciences ont permis à l’homme de se hisser au rang de « créateur ».
La va même jusqu’à défier la nature ou Dieu. Ainsi, il croit pouvoir comparer
son œuvre avec celle divine. Orgueilleux de sa faiblesse ontologique, il croit
pouvoir combler le manque qui frappe la nature. Un tel climat figure une lourde
inquiétude dont l’écho est repris par ces notes de Jean Rostand : « La science a fait de nous des dieux
avant que nous ne mériterions d’être des hommes. » Dès lors, l’homme
devient un réel danger, non seulement pour les autres, mais aussi pour
lui-même. L’œuvre humaine présente toujours un défaut d’être. Sous ce rapport,
la philosophie demande la restauration de la conscience morale. Ainsi, exigence
est faite de concilier activité scientifique vertu. Ces considérations
reprennent le rôle que la philosophie doit jouer face à puissante montée des techno-sciences.
La philosophie sert de police à l’esprit scientifique. Elle doit contrôler les résultats et les
projets des sciences et des techniques.
Au-delà
des sciences et des techniques, la philosophie est une pensée vivante qui se
nourrit des circonstances qui font l’existence des hommes. Hegel
soutient : « La philosophie
est fille de son temps. » Chaque époque a sa propre pensée. Ce qu’il faut
souligner, c’est que la pensée philosophique est liée, dans son essence même comme
dans son activité et ses finalités, à l’existence humaine. Partout où il y a
vie humaine, la philosophie est présente. Elle accompagne l’homme dans sa quête
du sens de son existence. Du coup, le discours philosophique peut être entendu
sous la tentative de lire, de comprendre et d’expliquer les problèmes et
évènements qui jaillissent dans la vie de tous les jours.
Avec
la mondialisation, l’ère informatique, des technologies de la communication,
des techno-sciences, la philosophie devient une invitation à la mesure, à la
tempérance, à la retenue, au sens de l’humain. De nouveaux concepts, de
nouvelles idées, une nouvelle conduite. La philosophie instruit l’humanité et
lui apprend sa condition et ses exigences sans cesse de tendre vers le bien, ultime
voie de la béatitude.
lundi 2 avril 2012
NOTES DE METHODOLOGIE SUR LE
SUJET-TEXTE
Le
candidat est invité à expliciter et à discuter les idées développées dans un
texte bien précis.
·
L’explication
doit présenter, développer et justifier les idées du texte suivant un ordre
logique
·
La
discussion doit conduire le candidat à l’examen philosophique de la thèse de
l’auteur, à son évaluation critique
I-/
COMMENT PROCEDER ?
1-
Lire
et relire le texte autant de fois que cela est nécessaire en accordant une
attention soutenue aux connecteurs logiques (mots de liaisons) et aux concepts
essentiels (noms, verbes, adjectifs,
etc.)
2-
En
lisant le texte, il faut dégager le contenu précis de chaque phrase et
déterminer l’ordre logique organisant l’argumentation de l’auteur. A ce niveau,
il faut poser deux questions :
A-/
Que dit l’auteur ?
B-/ Que
fait l’auteur ?
La
question « Que dit l’auteur ? » invite le candidat à chercher
l’information précise contenue dans chaque phrase : il s’agit de voir et
de présenter ce que l’auteur dit et
comment il le di.
N. B. :
Il faut absolument éviter la paraphrase.
La
seconde interrogation « Que fait l’auteur ? » invite à
déterminer la manière dont procède l’auteur : il s’agit de dégager la structure argumentative du
texte. Il faut montrer comment l’auteur a structuré sa pensée.
Par
exemple, le candidat peut chercher à voir : quelle est la thèse de
l’auteur ? Quelles sont les autres
thèses qu’il examine et comment il élabore son analyse, son
argumentation ? Quels sont ses arguments ?
II-/
INTRODUCTION
L’introduction
est présidée par la saisie exacte du contenu même du texte. Ce n’est point un
résumé ou un compte rendu du texte ni même un exposé de la vie et/ou de la
pensée de l’auteur. Elle doit être simple et concise. Selon la C. N. P.
(Commission Nationale de Philosophie), la fonction minimale de l’introduction
est :
1-
Dire
de quoi parle le texte : il convient
de retrouver le problème
philosophique du texte (le thème, la question à la quelle il cherche à
répondre)
2-
Préciser
comment l’auteur s’y prend : il s’agit de voir la structure ; ie le plan du texte.
L’introduction doit poser en une formule concise et précise la thèse de
l’auteur. En partant de cette thèse, le candidat doit formuler une question qui se veut objection
annonçant le second moment du
commentaire, ie du développement.
III-/
DEVELOPPEMENT
Dans
l’exercice du commentaire, le développement comporte, fondamentalement, deux parties :
1-
Partie
explicative : il s’agit de se mettre à la place de l’auteur.
Il faut dégager un ordre logique d’explication.
Il faut faire preuve de cohérence, d’intelligence et d’intelligibilité. Ce
n’est pas une explication « mot à mot » ou « ligne à ligne ». Le candidat
doit trouver les idées ainsi que leur
contenu et leur lien logique pour expliciter dans la même structure logique les idées contenues dans le texte.
2-
Partie
critique ou évaluation philosophique : c’est un legs aristotélicien :
il faut exposer pour ensuite critiquer
Après avoir explicité le texte comme
l’aurait fait l’auteur, le candidat doit porter un regard critique sur le texte
et principalement sur la thèse de l’auteur. Ainsi, il peut mettre l’accent sur
le mérite de l’auteur, sur la portée philosophique de son propos. L’évaluation
critique peut amener le candidat à montrer
les limites du texte, les insuffisances de la démonstration ; ie de
l’argumentation voire les contradictions du texte. Sous cet angle, le
candidat peut adopter une position
(thèse) contraire à celle de l’auteur et
décliner une solution différente de celle de l’auteur. Toutefois, il
doit justifier, argumenter, illustrer son point de vue.
A cet effet, il pourra convoquer
d’autres penseurs dont les thèses sur la
question sont nettement distinctes de celles que propose le texte. Il n’est
point question détaler des connaissances générales et disparates, ni
d’accoler deux développement sans lien
aucun. La partie critique est très
appréciée à l’examen. Dès lors, il faut apprendre à critiquer, ie à discuter
des pensées d’auteurs.
N. B. : Il est préférable de s’abstenir de
critiquer si l’on ne trouve pas d’arguments
pertinents et ajustés au propos de l’auteur. Il ne s’agit pas de
critiquer parce qu’on doit critiquer ; il est plutôt question de
critiquer, parce que justement, on sait critiquer et qu’il y a matière à
critiquer.
Voilà ce qui autorise à voir que
le développement est une structure
logique rendant compte d’une pensée vivante.
IV-/ CONCLUSION
·
Dégager
le principal intérêt philosophique du
texte examiné.
·
Enoncer
de façon claire et précise la position adoptée face à la pensée de l’auteur.
N.B. : Le candidat peut suivre une logique
différente de l’ordre du texte. Cependant, il doit absolument veiller à la
cohérence, l’intelligibilité de son
analyse et des idées de l’auteur. L’explication passe par l’élucidation des
notions et par l’explicitation des
passages tenus pour difficiles.
Il
faut éviter :
-
la
paraphrase :
répéter approximativement et maladroitement ce qui est bien élaboré par
l’auteur.
-
Les
digressions :
les considérations sans rapport avec le problème abordé par l’auteur. Ne dire
de l’auteur et de sa pensée que cela seul qui intéresse le texte à étudier.
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